Rencontre du Député Antoine Savignat en Terminales SES

I- Découvrir l’homme

Antoine Savignat est un homme né en 1975. Après avoir fait des études de droit, il devient avocat pour finalement être l’adjoint au maire de Pontoise à partir de 2014. Il était aux côtés de Philippe Houillon et est devenu l’adjoint aux sports, à l’urbanisme ainsi qu’aux transports.

Alors qu’il était juste étudiant, il était le fondateur d’une association sans appartenance politique mais s’est révélé comme supportant le parti Les Républicains lors de son mandat à la mairie. Cependant, il apprécie particulièrement et trouve très important le fait qu’il se sente libre de son vote peu importe le parti auquel il se raccroche.
Il ne se prédisposait pas particulièrement à devenir député. En effet, il souhaitait surtout être maire alors qu’il était adjoint au maire mais après la proposition de ce dernier, il a pris la décision de se présenter. Il n’avait donc pas de vocation pour ce métier mais ne regrette en aucun cas son choix car il trouve ce métier plus varié que celui de maire au niveau des missions à accomplir. Il n’a pas de personne qu’il considère comme un modèle car ce n’était pas sa profession de prédilection. Cependant, il se sent très proche de Philippe Houillon qui a pu l’aider dans sa campagne car il a été lui-même député pendant 25 ans.
Par rapport à son métier d’avocat (qu’il continue d’exercer bien que moins souvent), il ne sait pas ce qu’il préfère et souligne la différence entre ce métier et le fait d’être député qu’il qualifie comme un « mandat ». Il précise que ces deux fonctions sont différentes car un député n’a pas de clients mais beaucoup d’habitants à satisfaire.

Ce mandat de député est son premier et il compte se représenter en 2022. En effet, son mandat actuel était bien plus court que le mandat traditionnel. Il avait perdu l’élection en juin 2017 mais son adversaire n’était pas éligible au final. Il a donc demandé l’annulation de l’élection et est devenu député le 5 février 2018. Même une fois dans la législature, il a mis du temps avant de se sentir complètement à sa place à cause du fait qu’il faisait partie de la Commission de Défense pendant 9-10 mois, chose qui ne le passionnait pas du tout. Il a finalement pu changer et faire partie de la Commission des lois qu’il considère comme son élément.

M. Savignat a bien voulu nous faire part des informations concernant son salaire ainsi que sur quelques aspects de sa vie personnelle. Il gagne 5176 euros net, avant impôt, par mois ce qui est environ 4600 euros en brut. Il touche également 10 000 euros par mois pour payer les collaborateurs et enfin 5800 euros pour les autres frais (loyer de travail, électricité, matériel, déplacements,…).
Il trouve cependant la balance entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle plutôt compliquée car il ne rentre pas souvent pour le dîner chez lui, a emploi du temps très chargé en tant que député qui le fait même travailler les week-ends. Cependant, il peut passer des moments avec sa femme lorsqu’il est dans son cabinet d’avocats car elle est son associée.

II- Découvrir son métier

Antoine Savignat est le député de la première circonscription du Val d’Oise (sur 10 circonscriptions) qui s’étend de Bruyère sur Oise à la Roche-Guyon. Il est ainsi responsable de 83 communes sur les 183 du Val d’Oise et donc de environ 180 000 habitants.
En France, il existe 577 députés dont 7 qui sont députés des français à l’étranger (expatriés). Ils sont élus au Suffrage Universel Direct pour 5 ans. Les élections ont lieu en juin, cette année les 12 et 19 juin 2022, dans la foulée de l’élection présidentielle. Les députés sont une des deux instances composant le Parlement. La deuxième est le Sénat, dont les sénateurs sont élus par les grands électeurs (maires,…). Il en existe 5 dans le Val d’Oise.
Pour la législature actuelle, la moyenne d’âge est entre 46 et 47 ans, ce qui est bien plus bas que pour les autres législatures.
Pour devenir député, il suffit d’être citoyen français, majeur et ne pas avoir été déchu de ses droits civiques. Ainsi, presque tout le monde peut se présenter sans un diplôme précis à avoir.

III- Découvrir ses rôles

Au sein de l’Assemblée Nationale, M. Savignat exerce deux rôles principaux (il n’évoque pas le troisième soit l’évaluation des politiques publiques, vu en cours, ce qui peut nous permettre de supposer que son action est minime).
Tout d’abord, le travail d’un député est de faire la loi, légiférer. Chaque député siège dans une commission parlementaire et débat sur les textes les regardant pour voir si des modifications sont nécessaires. Il en existe huit avec des sujets d’appui différents : lois, finances, développement durable, défense nationale et forces armées, affaires sociales, affaires étrangères, affaires économiques, affaires culturelles et éducation. Suite à l’étude des textes, les députés vont déposer des amendements pour changer ces lois et donc déposer le texte dans une nouvelle rédaction. Ce dernier arrive à l’Assemblée Nationale et l’ensemble des députés de toutes les commissions en discute. C’est un travail très long car il y a environ 1000 amendements par texte qui nécessitent de 4 à 30 minutes de délibération pour chaque. Il leur arrive parfois de travailler jusqu’à trois heures du matin et de recommencer à neuf heures si les problématiques soulevées sont particulièrement coriaces. Cependant, depuis deux ans, avec la crise sanitaire, les textes sont souvent admis en procédure accélérée ce qui veut dire que seule leur lecture est demandée par le Parlement.
Le passage d’une loi est un processus plutôt compliqué. En effet, avant tout, le Conseil d’état doit faire une étude d’impact et donner son avis sur les travaux effectués par les Commissions parlementaires. Ensuite, le texte, une fois voté dans sa nouvelle version par l’Assemblée Nationale, doit passer par le Sénat qui va créer à son tour une nouvelle version qui lui plaît plus pour enfin la donner à la Commission Mixte Paritaire qui va de nouveau réécrire sa version qui va faire adhérer les deux branches du Parlement. Enfin, si personne n’est d’accord, le Sénat va faire une deuxième lecture, repasser leur version à l’Assemblée Nationale qui, dans tous les cas, possède la décision finale. Le Conseil Constitutionnel va, au final, vérifier que tout cela rentre bien dans la Constitution.

Le second travail des députés est de contrôler l’activité du gouvernement. Ainsi, tous les mardis de 15h à 17h, ont lieu les QAG ; les Questions d’Actualité posées au Gouvernement. Chaque groupe politique possède un nombre de questions (décidé en fonction de son impact numérique à l’Assemblée) et ont deux minutes pour poser chaque question. À leur tour, les ministres ont deux minutes pour leur fournir une réponse construite. Seul le premier ministre possède le temps qu’il désire. Les députés se trouvent donc tous à Paris le mardi et le mercredi puis, d’autres jours si besoin en fonction de l’actualité.
Ainsi, les députés ont une majorité de semaines législatives et environ une semaine par mois de contrôle. Bien que les ministres puissent venir à l’Assemblée, notamment pendant les semaines de contrôles, le Président, lui, n’a pas le droit de rentrer dans le bâtiment de l’Assemblée Nationale. Il doit convoquer le Congrès s’il désire parler avec les députés.
Deux fois par an, ils vont également faire des niches parlementaires dans lesquelles l’opposition peut s’exprimer et mettre à l’heure du jour ce qu’ils souhaitent.

En plus de cette partie du rôle de député plus générale, il doit aussi effectuer des actions dans sa circonscription. En effet, ici, son travail va se résumer plus à rencontrer la population et l’écouter. Antoine Savignat possède une permanence à Pontoise et reçoit énormément de courrier avec différents niveaux de gravité dont il doit s’occuper. À ce niveau-ci, il effectue un bon nombre de déplacements (ce qui est appelé le travail de terrain) comme pour des événements de communes ou des visites d’entreprises ou d’autres personnes influentes (il a donné l’exemple du sous-préfet de Bruyère qu’il avait vu récemment).

Dans la Constitution, il est écrit que les députés doivent arrêter de travailler le 1er juillet et recommencer le 15 octobre afin de prendre des vacances et faire du travail de terrain pour leurs circonscriptions par exemple. Cependant, cette année a été différente à cause de la crise du COVID. Ils sont donc partis en vacances le 27 juillet puis ont été convoqués le 3 septembre pour deux jours afin de discuter de l’état d’urgence en Polynésie. Ils sont actuellement en session extraordinaire du 20 septembre au 15 octobre, jour où la session redevient ordinaire. De plus, cette année, à cause des élections, ils arrêtent de siéger le 22 février pour laisser la place à la campagne. Il y a pendant ce moment-là, donc, pas de production législative mais le gouvernement peut passer des lois si besoin sur des sujets précis (« On a bien assez de lois » s’est exclamé M. Savignat).

IV- Des questions et des réponses

Suite à la phase de présentation pendant laquelle M. Savignat parlait en monologue, nous avons eu la chance de pouvoir lui poser certaines questions ainsi que de rebondir sur d’autres sujets qu’il avait lui-même mentionnés. Voici certains des sujets qui ont pu être abordés.
Tout d’abord, une élève lui a demandé s’il avait une cause particulière qui lui tenait à cœur. À cela, il a répondu les violences faites aux femmes. C’est un sujet de justice et donc son engagement peut être expliqué par le fait qu’il est avocat. Il a pu nous donner des idées de dispositifs mis en place. Par exemple, le bracelet anti-rapprochement, la suppression directe des armes présentes dans les foyers (il rappelle que 70% des violences sont faites à l’aide d’une arme et non des poings), l’interdiction au conjoint.e la présence au domicile conjugal même avant que la justice rende sa décision. Lors de la prochaine niche parlementaire, il souhaite proposer un système d’éloignement de la victime plus important, ainsi que « remettre une couche » pour la peine encourue et enfin protéger les enfants beaucoup plus (sans systématiquement séparer la victime de ses enfants). Il ajoute également, suite à une question sur la justice, qu’il trouve que celle-ci a un problème de moyens qui ne lui permet pas de répondre dans l’urgence ce qui peut s’avérer compliqué dans les histoires de féminicides.
Ensuite, le sujet de la crise COVID et de sa gestion a été abordé. Antoine Savignat nous a appris avoir voté contre le pass-sanitaire (mais s’être tout de même fait vacciner). Cependant, il exprime le fait que son opposition venait plus du fait qu’il voulait du gouvernement qu’il prenne ses responsabilités et l’annonce obligatoire au lieu de créer le pass-sanitaire pour éviter les agitations. Pour lui, cette opposition qui existe vient notamment du flou et de la mal-communication qu’il y a eu pendant la crise ; il aurait préféré un discours clair et rassurant et pense que la campagne de vaccination aurait nettement mieux fonctionné. D’un point de vue plus axé sur son travail de député, il a pu nous expliquer que, à cause de l’état d’urgence mis en place durant la crise, le rôle de l’Assemblée Nationale sur la question était minime. En effet, le gouvernement leur faisait voter des lois afin de leur laisser l’autorisation de légiférer par ordonnance (ce qui n’est pas ratifié). Cela veut dire que le gouvernement pouvait, lui-même, passer des lois en lien avec la crise afin de pouvoir faire des décisions plus rapidement. Sur le sujet des manifestations anti pass-sanitaire, il n’a pas souhaité en parler très longtemps, disant qu’ils « ne méritent même pas qu’on parle d’eux » et rappelant que le nombre de personnes mobilisées est insignifiant.
Enfin, lorsque quelqu’un lui a posé la question suivante « Comment expliquez-vous la forte abstention ces dernières années ? », il a répondu qu’il pensait que c’était dû à d’un désintéressement pour la vie politique de manière globale ainsi qu’un problème éducatif.

Finalement, cette rencontre avec le député Antoine Savignat nous a permis de comprendre une autre façon de s’engager politiquement ainsi que les différentes facettes de son travail au sein du gouvernement. C’était une rencontre enrichissante d’autant plus qu’elle rentre parfaitement dans le chapitre que nous étudions actuellement.

Margaux M et Maïdhy C