Souvenirs

Notre ami Claude HIGELIN, nous a fait parvenir ses souvenirs de collège au temps de l’occupation. Nous ne pouvons résister au plaisir de transcrire ses textes, émaillés de l’humour bien connu de leur auteur.

LE COLLEGE EN 1940 – QUELQUES BOULES DE NEIGE – PUIS TOLSTOI

A l’automne 1940, la rentrée des classes connut quelques problèmes, le collège était occupé par l’armée allemande. Les garçons furent accueillis au lycée de jeunes filles. Je me souviens de Christiane HOSSELET, le fille de notre BUD.
Mais les classes devinrent surpeuplées.

Dans le cadre d’une opération de « moral lifting », notre principal nous rendit visite en classe, un beau matin.

A sa venue, on ressentit une sorte de gêne et d’amusement car il avait oublié de fermer sa braguette et l’on voyait ….sa chemise !

Au cours de l’hiver on nous fit revenir dans notre cher « Bahut », mais la moitié de celui-ci restait occupé par les soldats, une unité de transmissions et non par des SS.

La cour était partagée en deux et nous gardions les pissotières .
A un moment de l’hiver, alors que ma classe de cinquième était en cours de géographie, chez Monsieur BALLAND, surnommé « BODESTE », la neige se mit à tomber à gros flocons, si bien qu’à la récréation il y en avait déjà une bonne couche.

Dans la cour, coté allemand, il y avait une section d’une douzaine de soldats qui faisaient de la gymnastique.

De notre coté, la bataille de boules de neige avait démarré très vite.
Soudain, un audacieux envoya une boule sur un soldat allemand. Tout le monde s’arrêta, craignant une réaction..
Surprise, car le soldat allemand ne nous adressa qu’une boule de neige en représailles.
Et cela déclencha un échange fourni de boules.

Mais un élève à l’esprit batailleur ajouta un caillou dans sa boule qui atterrit en pleine poitrine d’un soldat.
La bataille s’arrêta immédiatement et un caporal mit la section au garde à vous et la fit sortir de la cour, tandis que nos professeurs nous faisaient rentrer très rapidement en classe.

Là, nous eûmes droit à un savon accompagné de quelques noms d’oiseaux.
Plus tard, au printemps, l’armée quitta le collège et Monsieur PATES retrouva sa cloche.

Vraisemblablement en1942, après que le 3° Reich eut déclaré la guerre à l’U.R.S.S., un nouvel élève arriva au collège, il était grand et costaud, il s’appelait TOLSTOI et se disait être de la famille du grand écrivain russe.

Ayant été libéré par l’armée allemande, il ne faisait pas mystère de sa sympathie pour le 3° Reich, ce qui n’était pas du goût des élèves français. Si bien que les « grands » de première décidèrent de choisir, parmi eux, le champion qui défia TOLSTOI dans un combat, en pleine cour, à la récréation.

Le dénommé TOLSTOI se défendit fort bien puisque, de l’avis général, le résultat fut nul.

Quelques temps plus tard, TOLSTOI ne revint pas au collège et nul ne sut jamais où il était allé.

Claude HIGELIN