SORTIE PÉDAGOGIQUE DES P8 : fil historique de la journée, le XIXe siècle

HISTOIRE / fil historique de la journée, le XIXe siècle

Le Panthéon, un lieu d’histoire depuis la Révolution française

Cours au Collège de France : L’Empire ottoman confronté aux autres puissances et au mouvement des nationalités

CHRONOLOGIE

Qu’est-ce que le pendule de Foucault ?

L’installation du pendule se fait en 1851 pendant une période où le Panthéon à une vocation laïque (IIe République : 1848-1852). Or, dans la mesure où l’expérience prouve la rotation de la terre et réhabilite les théories héliocentriques, Foucault, qui se situe du côté des anticléricaux, n’échappe donc pas aux critiques des catholiques selon lesquels la terre, lieu de l’Incarnation, est le centre de l’univers (théories géocentriques). Le pendule illustre ainsi, au même titre que le monument qui l’abrite, cette lutte entre Raison et Foi. Le 1er décembre 1851, veille de son coup d’Etat, Louis Napoléon Bonaparte donne l’ordre d’arrêter l’expérience avant de rendre le monument à la religion le 6 décembre 1851.

DECORS ET SCULPTURES

Alphonse Camille Terroir, À Diderot et aux Encyclopédistes
Ernest Dubois, le Vengeur, 1926
H. Bouchard, 1920« Aux héros morts inconnus »
La Convention nationale, François Sicard, 1921
Statue de Hoche
Statue de Mirabeau

MARIE CURIE

LES SCIENTIFIQUES AU PANTHEON

Hommage aux disparus des guerres mondiales

Indices sur le personnage Identité
Philosophe, pamphlétaire, je suis l’auteur du Dictionnaire philosophique. J’ai pris fait et cause pour le chevalier de la Barre VOLTAIRE
Je suis l’auteur de l’Emile, du Contrat social. Je suis favorable à la République. ROUSSEAU
Mort en 1794, j’ai réfléchi à l’évolution de la justice pénale, à l’instruction publique, au fonctionnement du droit de vote (en utilisant l’outil mathématique) CONDORCET
Homme politique, mathématicien, général sous la République, je créé les 14 armées de la République. Je finis par m’opposer à Robespierre puis participe au gouvernement du Directoire. Mon petit-fils Sadi fut président de la République. LAZARE CARNOT
Je conçois un système tactile pour permettre aux aveugles de pouvoir lire. LOUIS BRAILLE
Chimiste, historien des sciences, j’ai travaillé sur l’électricité, les explosifs et démontré la fixation de l’azote par les microbes (1827-1907) MARCELLIN BERTHELOT
J’ai permis de faire aboutir la loi abolissant définitivement l’esclavage dans les colonies françaises en 1848 VICTOR SCHOELCHER
Homme politique, écrivain, poète, pamphlétaire, je suis l’auteur d’Hernani. J’ai passé une vingtaine d’années en exil sous le Second Empire. VICTOR HUGO
Rédacteur du Code civil, ma statue se trouve devant l’Assemblée nationale aux côtés d’autres grands législateurs et à l’intérieur de l’hémicycle du Sénat. (1845-1807) PORTALIS
Auteur d’une vaste fresque décrivant la société française sous le Second Empire, je m’engage contre l’erreur judiciaire en publiant une célèbre lettre dans le quotidien L’Aurore EMILE ZOLA
Nos travaux scientifiques permettent d’isoler le radium et nous ont valu le Prix Nobel de physique en 1903 MARIE ET PIERRE CURIE
Député du Tarn, agrégé de philosophie, fondateur du quotidien L’Humanité, je favorise la réunion des divers courants socialistes pour fonder la SFIO. Je suis assassiné en juillet 1914. JEAN JAURES
Préfet, engagé du côté de la France libre, je réussis à unifier les différents mouvements de résistance en 1942-43. Arrêté à Caluire par Klaus Barbie, torturé, je décède des suites de mes blessures. JEAN MOULIN
Juriste, diplomate, je participe à la rédaction de la DUDH en 1948 et reçois le Prix Nobel de la Paix en 1968 RENÉ CASSIN
Homme politique de la Troisième République, député, mon cœur se trouve au début de la crypte LEON GAMBETTA

Quels sont les personnages entrés au Panthéon sous la Ve République ?
Période de Charles de Gaulle :

Période de François Mitterrand :

Période de Jacques Chirac :

Période de Nicolas Sarkozy :

Période de François Hollande :

Deux siècles de panthéonisation : l’évolution de la notion de grand homme
1789-97 Assemblée constituante1792-1804 Première République1804-1815 Premier EmpireDepuis 1885 A partir de la IIIè République
Quels hommes ? Acteurs directs de la Révolution et illustres précurseurs
[rouge]Mirabeau[/rouge] (1791) Voltaire (1791) Rousseau (1794)
Les Martyrs de la liberté
Bara*, Viala *
Le Peletier de St Fargeau (1793)
[rouge]Marat[/rouge] (1794)
Dampierre *
Beaurepaire *
Grands serviteurs de l’Etat, fonctionnaires civils, militaires et religieux :
Tronchet (1806)
Portalis (1807)
Cabanis, Caulaincourt (1808)…
République des talents et du sacrifice (hommes politiques, savants, écrivains, militaires, émancipateurs…)
Victor Hugo (1885), Lazare Carnot (1889), Marcelin Berthelot (1907), Emile Zola (1908), Jean Jaurès (1924),
Félix Eboué (1949), Louis Braille (1952)
Quelles valeurs ? Inscrire la Révolution dans la mémoire, c’est-à-dire dans l’histoire
Rompre avec le passé, marquer l’avènement d’une nouvelle ère et d’une nouvelle société
Inscrire la Révolution dans l’instant, dans l’actualité immédiate
Assurer l’immortalité de ceux qui sacrifient leur vie à la République et à la patrie
Inscrire le régime dans la continuité de la Révolution et marquer ainsi sa légitimité Inscrire la reconnaissance de la nation dans une politique de la mémoire.
Rendre l’immortalité accessible à tout citoyen ayant mérité de la patrie par sa vie ou sa mort
Élaborer un rituel d’éducation
Quel type de monument ? Panthéon de la Révolution Panthéon de la République Panthéon de l’Etat Panthéon de la Nation

 [rouge] Nom en rouge[/rouge] : le corps a été jugé ultérieurement indigne de rester au Panthéon et a été « expulsé »
 * la panthéonisation prévue n’a pas eu lieu

le Collège de France

Puis direction le Collège de France pour assister au cours de rentrée du professeur Edhem Eldem consacré à l’Empire ottoman face à l’Occident.

Page du collège de France Edhem Eldem

La leçon inaugurale en décembre 2017

Aujourd’hui : reprise et rappels de l’histoire de l’empire ottoman de 1820 à 1839 : de la révolte des Grecs à la mort de Mahmoud II.

Cette année, l’accent sera mis sur la période dite des Tanzimat (réorganisation), inaugurée par la proclamation, le 2 novembre 1839 d’un firman (décret) portant ce nom et posant les jalons d’un programme radical de réformes visant à moderniser l’empire. Il s’agira d’examiner dans le détail le décret lui-même, tant par son contenu que par sa portée, afin de préparer le terrain d’une analyse des principaux phénomènes qui en découlèrent : engagement dans la voie de la modernité, fascination pour la civilisation occidentale, questionnements sur l’avenir d’un empire pluriethnique et pluriconfessionnel... La période étudiée s’achèvera avec le décret des réformes (Islahat Fermanı) de 1856 dont l’objectif avoué était de parachever l’entreprise des Tanzimat.

Cours Audio

Carte de la révolte grecque
Le Serment à Aghia Lavra, peinture de Theodoros P. Vryzakis, 1865.

A LA RENCONTRE D’EDHEM ELDEM
Entretien avec Edhem Eldem Aucune épithète ne peut définir la relation entre Ottomans et Occidentaux
Portrait d’Edhem Eldem par Marc Semo (Le Monde)
L’histoire pour bataille

Au Collège de France, le nouveau titulaire de la chaire d’histoire turque et ottomane va traiter des tensions entre la Sublime Porte et l’Occident. A l’université du Bosphore, à Istanbul, c’est le « récit simpliste » du passé porté par le régime qu’affronte ce chercheur érudit et engagé.
Sa passion pour le métier d’historien a surgi sur le tard, mais tout était en germe dès l’enfance. A 5 ans déjà, Edhem Eldem parlait l’ottoman – turc ancien de l’empire défunt mêlant mots perses et iraniens en caractères arabes –, que Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République, avait balayé en 1928 en imposant l’alphabet latin et de profondes transformations du vocabulaire.
Avec un père diplomate de bonne famille, né avant la première guerre mondiale, le petit garçon était à bonne école. « Il me faisait même faire des dictées et, à la différence de nombre de mes collègues ou étudiants qui déchiffrent cette langue comme une langue morte, elle est pour moi bien vivante », raconte le nouveau titulaire de la chaire d’histoire turque et ottomane du Collège de France.
Bousculer les idées reçues

Avant de partir d’un grand rire à l’évocation de Recep Tayyip Erdogan, l’actuel président islamo-conservateur de la Turquie, qui avait un moment voulu rendre obligatoire l’étude de l’ottoman dans les lycées religieux afin que « les enfants puissent enfin lire les lettres de leurs aïeux ». « L’illettrisme était tel dans l’empire que de telles missives étaient bien rares ! La connaissance de l’ottoman ne sert finalement qu’aux historiens pour la consultation des archives », précise cet intellectuel qui aime bousculer les idées reçues. Au risque de faire grincer bien des dents dans un pays hanté par son histoire. Celle, au poids écrasant, d’un empire à son apogée aux XVIe et XVIIe siècles. Mais aussi celle, aux cicatrices toujours ouvertes, des tragédies qui ont accompagné son déclin, à commencer par le génocide des Arméniens en 1915-1917.
« La Turquie est “cliomane” et “cliopathe”, à la fois folle et malade d’histoire », lançait avec humour Edhem Eldem lors de sa leçon inaugurale au Collège de France, le 21 décembre 2017, en revendiquant « la paternité et les droits de ces deux néologismes ». Folle par « son obsession d’attribuer à l’histoire une mission politique et idéologique vouée à modeler la nation et le citoyen », et malade de « ses craintes, ses complexes, ses silences, ses tabous, son négationnisme », l’ensemble produisant « un rapport extrêmement malsain, parfois agressif, souvent enfantin, à tout récit qui oserait remettre en question le moindre aspect de la doxa en vigueur ».
Si ses premiers livres ont été consacrés aux échanges économiques des Ottomans avec l’Occident ou aux rituels de la mort, Edhem ­Eldem n’en est pas moins un intellectuel engagé dans la cité. Le thème de ses leçons hebdomadaires au Collège de France, dont la première a lieu le 12 janvier, est ambitieux : la modernisation ottomane et ses relations intrinsèques avec l’histoire de l’Europe, malgré les conflits – ou justement à cause d’eux. « Il est toujours plus stimulant de parler des antagonismes, des tensions, des différences », souligne l’historien, pour qui « l’histoire ottomane est un sujet bien trop important » pour être réduit « à un glorieux prélude au récit simpliste de l’histoire de la nation turque ». Lui veut rendre toute sa complexité à « cet étrange animal qu’est l’Empire ottoman », et à l’extraordinaire laboratoire politique qu’il représenta pendant près de six siècles.

Le passé ottoman idéalisé

Jusqu’à l’arrivée au pouvoir, en 2002, du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), la république kémaliste entretenait des rapports ambivalents avec l’empire qui l’avait précédée, dénonçant sa décadence et s’inventant un passé national anatolien préottoman et préislamique. Mais l’AKP et son chef charismatique ont remis sur le devant de la scène un passé ottoman idéalisé. L’anniversaire de la conquête de Constantinople par Mehmet II, le 29 mai 1453, est ainsi célébré de façon de plus en plus ostensible.
Et M. Erdogan n’hésite pas, au risque de réveiller les vieux démons, à évoquer des « frontières du cœur » de la Turquie allant bien au-delà de ses limites actuelles, jusqu’aux villes jadis ottomanes de Sarajevo, de Damas ou de Bagdad. « Des morceaux de notre âme », répète volontiers le meneur islamiste, qui s’est fait construire, à la périphérie d’Ankara – en lieu et place d’une ferme modèle créée dans une forêt acquise par Atatürk –, un immense palais de 200 000 m² mêlant tous les styles architecturaux de l’histoire turque. « Un ottomanisme superficiel et très kitsch, fait de slogans et de symboles pour plaire aux électeurs nationalistes et conservateurs », ironise le chercheur, que rien n’irrite autant que ce roman national simplificateur et largement réinventé.
La vocation d’Edhem Eldem pour le métier d’historien ne fut pas précoce. Né à Genève en 1960, déménageant de capitale en capitale, de lycée français en lycée français au gré des postes de son père, il se consacre d’abord à des études d’ingénieur, qui l’ennuient, puis aux sciences politiques, avant de rencontrer Robert Mantran, le grand historien de l’Empire ottoman. Ce dernier l’invite à venir étudier à l’université d’Aix-Marseille. « Je ne peux pas nier que j’étais prédestiné, y compris par mon histoire familiale », reconnaît-il.
Consécration
Côté paternel, son arrière-grand-oncle Osman Hamdi Bey, fils d’un grand vizir, fondateur du Musée archéologique d’Istanbul et peintre de talent, incarnait à la perfection le regard orientaliste hérité de l’Occident que les élites ottomanes portaient sur leur propre monde. Côté maternel, il est apparenté à l’ex-dynastie impériale. Longtemps, pourtant, l’historien hésita à emprunter une voie toute tracée.
Ses premiers livres sont plutôt austères : une histoire de la banque ottomane, une étude sur le commerce français à Istanbul au XVIIIe siècle (l’une et l’autre en anglais), des travaux sur les épitaphes – mais aussi, tout de même, en 2010, la publication chez Actes Sud de plusieurs textes de son parent Osman Hamdi Bey sous le titre Un Ottoman en Orient. Pleinement reconnu désormais, professeur à l’université du Bosphore, l’une des meilleures de Turquie, consacré enfin par cette chaire au Collège de France qu’il assurera tout en gardant son poste à Istanbul, il se sent aujourd’hui plus à l’aise pour se lancer sur des sujets qui lui tiennent à cœur.
Outre une grande biographie d’Osman Hamdi Bey, il travaille ainsi sur une vaste fresque de 1876, l’annus horribilis : une période étendue en réalité sur deux ans, durant laquelle bascula l’histoire ottomane avec la déposition de deux sultans et l’arrivée au pouvoir d’Abdülhamid II, dont le long règne (1876-1909) marqua la fin du mouvement de réforme des Tanzimat (« réorganisation ») qui avaient modernisé l’empire.
Instaurant un pouvoir toujours plus personnel, autoritaire et paranoïaque, percevant l’Europe comme une menace, Abdülhamid II misait sur l’élément musulman de l’empire, le seul qu’il considérait comme loyal : il inventa ainsi le panislamisme politique. « De cette époque date la sacralisation d’un État fondé sur des institutions faibles. C’est un vase vide que remplit à sa guise celui qui arrive au pouvoir et y reste un certain temps », explique Edhem Eldem, soulignant que cet héritage, « même s’il n’est pas le seul, a eu tendance à revenir au galop tout au long du XXe siècle, notamment en temps de crise ».
Le grand tabou du génocide arménien

Être historien en Turquie, cela signifie se retrouver en première ligne. « Il vaut mieux éviter d’aller parader sur les plateaux de télévision en défiant la doxa officielle. Éviter de se laisser instrumentaliser dans des polémiques. Mais, si l’on reste sur le terrain de la recherche, on peut continuer à travailler », affirme celui qui, avec certains de ses collègues, s’engagea au début des années 2000 pour affronter le grand tabou du génocide arménien. Recep Tayyip Erdogan, qui se posait à l’époque en réformateur libéral proeuropéen pour casser les résistances de l’armée et de la haute bureaucratie, accepta en 2005 l’organisation, à Istanbul, d’un colloque sur le sujet : le premier du genre jamais organisé sur le sol turc.
Depuis, l’AKP et son leader ont préféré jouer la carte du nationalisme. « Mais les portes alors ouvertes le sont restées. Dans mes livres ou mes articles, je parle comme nombre de mes collègues de “génocide” pour qualifier l’anéantissement des Arméniens de l’Empire ottoman », explique Edhem Eldem, tout en reconnaissant que « cette conscience du génocide reste confinée dans un microcosme intellectuel, la majorité de la population restant négationniste ».
Depuis le coup d’État raté de juillet 2016, la situation est devenue de plus en plus difficile en Turquie. « J’enseigne comme j’ai toujours enseigné, mais le malaise est là. Nous faisons face à une dérive autoritaire que l’on ne peut simplement expliquer par la soif de pouvoir d’un seul homme »,constate l’intellectuel, qui souligne la nécessité de s’interroger sur les racines de l’autocratie dans son pays. L’université anglophone du Bosphore, jusqu’à présent, est restée relativement préservée. La crainte de perdre son poste et de se retrouver condamné à une mort civile – voire d’être arrêté – n’en reste pas moins toujours présente. Et d’autant plus que les critères de la répression sont aussi arbitraires qu’aléatoires.